Le pavillon de l’oreille peut paraître, chez l’enfant, anormalement grand ou trop décollé. En réalité, la capacité de croissance du pavillon de l’oreille et du reste de la tête ne sont pas strictement parallèle, habituellement, le pavillon a fini sa croissance vers l’âge de 6/7 ans. Il mesure alors, au maximum, environ 7 cm de haut. Sa taille est donc atteinte assez vite, ce qui peut entraîner une impression d’oreille trop grande, la tête est encore assez petite. Cela amène d’ailleurs à intervenir sur cet organe à partir de l’âge de 6/7 ans, en dehors de malformations plus importantes que les « oreilles décollées ».
Cependant, cette intervention peut se réaliser, bien après, à tout âge.
Elle se déroule habituellement, sous anesthésie locale avec une sédation légère, même chez l’enfant, lors d’une courte hospitalisation de quelques heures. Le principe en est de sculpter le cartilage et de jouer sur les « ressorts » cartilagineux naturels des attaches du pavillon de l’oreille sur le crâne afin de lui donner une forme plus esthétique et plus naturelle. Il n’est plus procédé à des incisions transfixiantes du cartilage, telles que cela se réalisait il y a quelques décennies et qui laissait alors des saillies et des reliefs inesthétiques visibles. La suture cutanée est effectuée avec des points résorbables, qui ne sont pas à retirer. Il s’agit actuellement d’une intervention minutieuse effectuée par une incision cachée à la face postérieure du pavillon auriculaire. Il faut garder un pansement 24 à 48 heures, discrètement compressif, afin d’éviter d’être souillé par les exsudas sanguins post opératoires. Par la suite, des douches à l’eau tiède et avec un shampooing doux permettent parfaitement d’obtenir une bonne cicatrisation.
Le premier mois, il est d’usage de porter la nuit un bandeau à oreilles, afin d’éviter une plicature contraire aux résultats désirés qui se produirait lors du retournement de la tête, inconscient, sur l’oreiller. De même la pratique d’un sport violent, où la possibilité d’un coup sur les oreilles existe, doit être proscrite. En effet, les premières semaines, peut se produire, surtout en cas de traumatismes, un hématome entre la peau et le cartilage qui vient d’être sculpté, cet hématome peut même s’infecté et entraîner une destruction, la plus souvent partielle, d’une partie du cartilage.
Dans certains types d’anomalies du pavillon, il est nécessaire d’appliquer en profondeur quelques points de maintien, en maintenant la cicatrisation en bonne position du cartilage. Ces points sont réalisés avec des fils non résorbables car il y aura à ce moment-là, moins d’inflammation profonde au niveau du cartilage. Il arrive cependant que quelques années après, un de ces fils profonds ait tendance à ressortir (moins de 0,5 % des cas). Il est alors possible de le retirer très aisément, en consultation. Le principe de l’intervention des oreilles décollées est expliqué sur le schéma et un exemple du résultat sur les photos. Il est à noter que le degré de plicature du pavillon est discuté en pré opératoire et que le côté plus ou moins « plaqué » doit être déterminé au préalable à l’intervention.
De notre côté, nous préférons toujours des oreilles très naturelles. La cicatrice est habituellement très discrète, voire invisible, mais de temps à autre, peut présenter des nodules épais, hypertrophiques voire chéloïdiens. Ceux-ci sont aisément corrigés par des injections, dans l’épaisseur de la cicatrice, d’un produit anti inflammatoire.
Il existe d’autres anomalies :
- L’asymétrie des pavillons, celle-ci se rencontre d’ailleurs dans la cure d’oreille décollée. Il est parfois possible de symétriser relativement les deux pavillons, en sachant l’insertion asymétrique et la forme du crâne font que la symétrie parfaite n’est pas possible à obtenir réellement. Mais, l’amélioration est habituellement très importante.
- Les oreilles en cornet : le pavillon de l’oreille est trop enroulé sur lui-même, tel un coquillage, et cela est lié à une certaine brièveté de la portion toute supérieure et antérieure du pavillon. Il faut une plastie locale parfois avec des greffes de cartilages et il est possible de donner un aspect plus naturel à ce pavillon anormal.
- Tubercule de Darwin : il s’agit d’une irrégularité du cartilage apparu dès la naissance. Il est tout à fait possible de sculpter le cartilage afin de lui redonner une forme normale.
- D’autres anomalies mineures existent et sont le plus souvent tout à fait corrigées par une chirurgie légère
Cas particuliers des anomalies majeures du pavillon.
Certaines malformations du pavillon s’accompagnent également d’une anomalie de l’appareil auditif interne. Il y a donc à la fois un développement très faible voire absent du pavillon et une surdité. Par la réalisation de greffes cartilagineuses, de greffes cutanées et de lambeaux locaux, par des techniques micro chirurgicales, il est possible de reconstruire un pavillon d’apparence correcte. Ces mêmes principes sont utilisés pour la reconstruction du pavillon auriculaire après traumatisme ou exérèse d’une lésion locale qui nécessite l’amputation totale ou partielle du pavillon.
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